(Artistes) Aura et Chief Lady Bird offrent leurs réflexions et leurs trucs à propos de la création de murales communautaires visant à susciter le dialogue, l’expression personnelle et la guérison. Elles collaborent souvent avec des écoles et des organismes tant dans des communautés autochtones que des milieux non autochtones, au centre-ville et dans la grande région de Toronto. Megan Feheley, la coordonnatrice Art communautaire autochtone de ToileDesArts, les a rencontrées par Skype.
Artiste Anishinaabe (Potawatomi et Chippewa) de la Première nation de Rama, Chief Lady Bird est aussi liée, de par son père, à la Première nation de Moose Deer Point. Elle a grandi dans une réserve et vit maintenant à Tkaronto (Toronto). Son travail prend racine dans son expérience de femme autochtone, à la croisée d’une critique du nationalisme et d’une revalorisation de l’identité autochtone ; l’imagerie qui en découle bouscule le regard qu’on porte souvent sur les Premières Nations et leur redonne du pouvoir. Chief Lady Bird réalise des murales collaboratives qui plongent pour un instant les spectateurs dans la vision du monde autochtone afin d’entamer un dialogue essentiel à la restitution des identités culturelles des Premières Nations dans un pays qui n’a jamais reconnu leur valeur.
L’artiste Haudenosaunee (Oneida) Aura (Monique Bedard) a passé son enfance dans une petite ville du sud de l’Ontario. Se consacrant avec passion aux arts visuels depuis 13 ans, elle les a étudiés officiellement à partir de 2006 : pendant trois ans au Fanshawe College de London, en Ontario, puis à l’université de Lethbridge, en Alberta. Ayant obtenu son baccalauréat en Beaux-Arts (Studio Art) en 2010, elle est retournée en Ontario pour enseigner les arts plastiques à des groupes d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Artiste, animatrice d’ateliers et muraliste, Monique vit maintenant à Tkaronto (Toronto).
Voici un extrait de l’article:
CONVERSATION AVEC LES ARTISTES CHIEF LADY BIRD ET AURA
« Megan : Quand vous faites des murales avec les jeunes autochtones en contexte urbain, comment composez-vous avec leurs difficultés particulières ? Quel genre de soutien leur offrez-vous ?
Chief Lady Bird : Je pense qu’un des gros problèmes, c’est la déconnexion. Beaucoup des jeunes avec lesquels on travaille, ici à Toronto, n’ont pas nécessairement grandi dans leur communauté. Certains ne font que commencer à découvrir leurs origines. La colonisation, avec ses multiples facettes, a engendré toute une série de déconnexions qui ont fait beaucoup de mal à notre peuple.
Quand on voit des jeunes qui sont confrontés à ça, on leur en parle, on leur indique les ressources. On leur dit que c’est correct de ne pas savoir d’où ils viennent, que c’est un cheminement, qu’il y a des gens qui peuvent les aider à voir plus clair dans tout ça. Ici, en ville, les jeunes vivent des problématiques encore plus complexes comme l’itinérance, la toxicomanie et l’alcoolisme, et le suicide, qui prend beaucoup de place en ce moment. La déconnexion empire tout ça. C’est pourquoi il est nécessaire qu’il y ait des espaces de confiance pour que les jeunes puissent exprimer leur vérité, leur vécu, pour les aider à démêler tout ça.
Aura : Une des choses qui me passionnent, c’est de participer à des projets dans lesquels ce sont les jeunes qui ont le pouvoir de décider. Ça m’inspire tellement de travailler avec les adolescents : ils sont tellement honnêtes, intenses et vulnérables – ça m’incite à montrer davantage ma propre vulnérabilité. C’est grâce aux jeunes que je n’ai plus peur de le faire, et je vois à quel point c’est important d’être vraie et de bâtir ces liens avec eux. En quelque sorte, on travaille à réparer la déconnexion, à refaire la connexion, ensemble. Mon objectif est d’offrir un espace permanent pour explorer cette avenue. »
Conseils et outils de la ToileDesArts no 7 : Des espaces en ville pour l’art autochtone
La série 2017 d’ArtBridges/ToileDesArts a été réalisée grâce au soutien financier de la Fondation Trillium de l’Ontario et traduite en français grâce au programme d’appui à l’interprétation et à la traduction du ministère du Patrimoine canadien.
Pour plus de ressources et outils GRATUITS comme celui-ci, consultez www.artbridges.ca/learning/learning_resources
crédit : Chief Lady Bird et Aura