Compte-rendu de visite de terrain par Catherine Lamaison, coordinatrice francophone des arts communautaires pour la Toile des Arts.
Artbridges/Toile des Arts étant une plateforme pan-canadienne avec des partenaires communautaires dans chaque province et territoire canadien, il n’est pas toujours évident pour notre équipe de rencontrer les associations avec lesquelles nous travaillons hors de l’Ontario (où se trouve nos locaux.) C’est pourquoi les membres de l’équipe d’Artbridges/Toile des Arts profitent souvent de déplacements personnels pour rendre visite aux partenaires qui se trouvent aux alentours de leur destination.
Le mois dernier, profitant d’une escapade de quelques jours à Montréal, j’ai eu l’occasion de visiter trois ruches d’art faisant partie du réseau Art Hives, partenaire et membre fondateur d’ Artbridges/Toile des Arts. Leurs travail et initiatives incarnent à merveille les valeurs de l’art communautaire et de l’art pour le changement social qu’Artbridges tente de promouvoir, et je vous invite à les découvrir.
Tout commence en 2011 lorsque DR. Janis Timm-Bottos, art thérapeute et professeur à l’université Concordia créée la premiere ruche d’art, La ruche St Henri, comme projet de recherche avec son groupe d’étudiants. Inspirée par deux ruches-ateliers avec lesquelles elle avait eu l’occasion de travailler au Nouveau-Mexique, Janis décide de développer un projet similaire à Montréal. En 2012; Rachel Chainey suit les traces de Janis et lance la coopérative Le Milieu dans le quartier de Ville-Marie. L’an dernier elles décident d’unir leurs forces et de développer le réseau Art Hives, pour recenser et unir les initiatives déjà existantes et développer de nouveaux projets grâce au soutien de la Fondation de la Famille J.W. McConnell.
Une Ruche d’Art, qu’est-ce que c’est?
« Le Réseau des Ruches d’Art relie une multitude de petits espaces régénératifs d’art communautaire, avec l’objectif de bâtir des solidarités à travers la distance géographique. Cette initiative vise à renforcer et à promouvoir les bienfaits de ces ateliers collectifs inclusifs et accueillants, à travers le Canada et le monde. Aussi connus sous le nom de « maisons publiques », ces tiers-espaces créent de multiples occasions de dialogue, de partage de savoir-faire et de création artistique, entre des gens de divers horizons socio-économiques, âges, cultures et capacités. »
La Ruche d’Art
Au coeur du quartier St Henri de Montréal, cette ruche accueille les gens du quartier, les passants curieux, des familles et visiteurs de contrées lointaines qui se réunissent pour faire de l’art gratuitement. Dès que le temps le permet, les volontaires peuvent mêler art et jardinage et s’exprimer dans le jardin à l’arrière de la ruche, à travers des créations inédites. L’espace est grand et chaleureux. Bénéficiant de donations de matériel, les possibilités de création sont multiples à la ruche d’art, mais c’est surtout l’accueil et le sens de communauté qui font chaud au coeur lorsqu’on franchit la porte. Carmen m’a fait visiter l’ensemble du lieu et m’a expliqué son fonctionnement. J’avais tout de suite envie de m’installer et de prendre part à l’atelier en cours animé par des étudiants de Concordia. Les murs sont entièrement recouverts de créations realisées par des participants aux divers « appels aux oeuvres d’art » que lance la Ruche. Lors de ma visite, le projet exposé était « l’Art de l’Inclusion ».
Cette vidéo vous offre un aperçu complet de ce fantastique lieu et de sa mission : http://www.youtube.com/watch?v=-CYiROXwczw
La Coop Le Milieu
Le Milieu est une vrai coopérative de quartier. L’accès est libre, une contribution volontaire est appréciée mais pas obligatoire. Le matériel est constitué de récupération et de donations, les travailleurs sont bénévoles et le loyer est financé grâce au petit café qui propose des plats et gâteaux faits maison. Il faut dire que les temps sont rudes sur le plan financier dans le milieu de l’art communautaire, et il est souvent difficile pour le Milieu d’obtenir des financements car leur projet ne rentre dans aucune case.
L’ambiance est intime et conviviale. Rachel Chainey, la fondatrice de la coop est fière de contribuer à la vie du quartier en proposant des activités qui ne sont pas axées sur la consommation. Ouverte en général du Mardi au Samedi, la coop offre chaque soir un atelier différent (du cercle de tricot à l’atelier d’art textile en passant par l’introduction à la permacuture, tous types d’arts et de techniques sont représentées).
Tout le monde peut animer un atelier au Milieu. La coop souhaite valoriser les non experts et rompre avec l’image élitiste que l’art peut avoir.
Les après-midi sont libres. La coop est ouverte, et vous pouvez utiliser le matériel et créer ce que vous souhaitez. Si vous avez besoin de conseils, il y aura toujours quelqu’un pour vous guider.
La Ruche Alexandra
Chaque ruche d’art a un projet et un style différent. La dernière que j’ai visité est également la plus récente. Elle a été mise en place le mois dernier, dans la salle communautaire d’un HLM du quartier de la Pointe St Charles. Toujours ouverte à tous, cette ruche se destine particulièrement aux habitants du HLM et vise à sortir certaines personnes de l’isolement. Elle s’inscrit aussi dans un projet de dynamisation du quartier sud de la Pointe,qualifié actuellement de désert culturel.
Lors de ma visite, les personnes présentes travaillaient sur la contrepointe du quartier avec l’aide d’une étudiante de Concordia qui animait l’atelier. Boutheina, intervenante sociale passionée, mène cette ruche avec beaucoup d’humanité.
Pour en savoir plus sur chacune de ces ruches et sur l’ensemble du réseau : http://www.arthives.org/
N’hésitez pas à me contacter pour plus d’infos!
Catherine Lamaison, coordinatrice francophone en art communautaire, Catherine Lamaison catherinelamaison@artbridges.ca