Compte-rendu de visite de terrain par Catherine Lamaison, coordonnatrice francophone des arts communautaires pour la Toile des Arts.
Le mois dernier, profitant d’une escapade de quelques jours à Montréal, j’ai eu l’occasion de découvrir le travail de MU, un organisme de bienfaisance et membre fondateur de la Toile des Arts. Si on lève la tête et regarde autour de soi en se promenant dans les rues de la grande île, MU est un peu partout.
« Telle la mue d’un animal, MU transforme Montréal en donnant à ses murs une nouvelle peau »
Un organisme établi et reconnu
Inspirées par le Mural Arts Program de la ville de Philadelphie, Elizabeth-Ann Doyle et Emmanuelle Hébert créent l’organisme en 2007 avec pour objectif d’embellir la ville de Montréal, d’en faire un « musée à ciel ouvert » en réalisant des murales artistiques au sein des communautés locales et de déclencher une transformation sociale.
Depuis la réalisation de la premiere murale dans le quartier de St-Michel, MU enchaine les succès et collecte les prix et distinctions. Les deux co-fondatrices ont de quoi être fières! Elle sont à l’origine d’une cinquantaine de murales et d’autant plus de projets communautaires dans quinze quartiers de la ville, d’une soixantaine d’emplois créés pour la relève artistique, de l’implication de plus de 5000 jeunes dans le cadre des programmes scolaires et communautaires de l’organisme, de la revitalisation de douze HLM (en partenariat avec d’autres organismes de la ville), de collaborations artistiques avec des pointures du milieu, de plus de 850 000 $ en honoraires artistiques et d’un grand nombres de distinctions.
Comment ça marche?
Les activités de MU se divisent en trois pôles : la mission éducative, le soutien et la réalisation de projets par des artistes professionnels et le programme de mentorat d’étudiants en arts.
Sur le plan éducatif, MU a développé le projet « Laisse ta Trace ». Avec l’aide de la commission scolaire, MU offre chaque année à trois écoles l’opportunité de participer au projet. Un artiste-médiateur intervient pendant 4 mois au sein d’une classe de 5ème secondaire et organise une série d’ateliers mêlant sensibilisation au milieu professionnel artistique, apprentissage et expérimentation, et aboutissant à la réalisation d’une murale collective dans leur école. Une belle expérience pour les jeunes qui ont l’occasion de découvrir des métiers et des pratiques liés aux arts visuels qui sont souvent marginalisés.
D’autres ateliers ponctuels sont organisés dans les écoles et centres communautaires qui le souhaitent. La mission éducative est essentielle pour l’organisme, mais c’est surtout grâce à ses impressionnantes murales qui font rayonner la ville que MU est devenu un incontournable de l’art de rue à Montréal. Réalisées par des artistes professionnels, parfois avec le soutien d’étudiants en art dont ils assurent le mentorat, ces oeuvres deviennent souvent de réels moteurs de transformation sociale. C’est ce que j’ai pu observer aux Habitations Jeanne Mance où MU intervient depuis des années et est devenu un acteur majeur de la revitalisation du plus vieil HLM de Montréal.
MU et les habitations Jeanne Mance
C’est un plein centre-ville, à la sortie du metro Berri UQAM, que se trouvent les habitations Jeanne Mance. Inaugurées en 1959, elles constituent le premier lotissement d’habitations à loyer modique (HLM) du Canada. Aujourd’hui ce sont des familles de 70 nationalités différentes qui y cohabitent et les bureaux de MU y sont adjacents. Participant à un projet de revitalisation du lotissement, MU a réalisé une série de murales sur le thème des quatres saisons, ainsi qu’une autre autour des cinq éléments. C’est sous une neige fondante que j’ai fait le tour des habitations avec Elizabeth-Ann pour découvrir ces murales ainsi qu’un travail impressionant de mosaïques réalisées avec les habitants du lotissement.
L’art communautaire prend tous son sens avec le travail de MU aux habitations Jeanne-Mance. Tous les étés, durant un mois, MU organise un atelier mosaïque en plein air au coeur du lotissement et ouvert à tous pour continuer d’embellir les murs de la résidence. Il n’y a pas d’inscription, chacun est libre d’aller et venir et les animateurs de MU sont désormais connus dans tout le lotissement. Les enfants se mêlent aux personnes âgées pour faire de l’art et la communauté se soude. Un beau projet sur le fond comme sur la forme.
Pour en savoir plus sur MU, consultez leur site internet et leur profil sur la Toile des Arts.
-Catherine Lamaison, coordonnatrice en arts communautaires francophones